Blog-note

vendredi 28 octobre 2011

Désopilant. Propos de comptoirs. Comment on devient raciste comme Mr Jourdain faisait de la prose. Sans le savoir.


Le racisme au quotidien (lien avec l'article "au secours je deviens raciste")

Devenir raciste parce qu'on a quelqu'ennui avec par exemple, une moto qui vous a été volée par un Touit touit, ou une réparation effectuée -mal- par un Bip bip ? ne pas répondre ou se laisser recruter par des beaufs proférant devant vous quelques propos définitifs genre "évidemment, qu'attendre d'un Touit touit?" ou "ne vous étonnez pas de la part d'un Bip bip" suivis parfois mais pas toujours, de maints griefs souvent contradictoires?

Je ne vois pas comment vous pouvez vous laisser prendre plus exactement piéger, ou plutôt si. On entend tous les jours ou presque des choseries de ce genre et il ne faut pas laisser passer, même si vous devez vous mettre en évidence. Cela se passe souvent selon le principe de la connivence allusive et assertorique imposée, principe des bateleurs, vendeurs de voitures d'occase, d'appareils électroménagers etc [exemple, "la BM est forcément mieux que la FR qui est nulle, vous voyez ce que je veux dire"] ou fieleuses mégères des deux sexes [avec Maryse, vous voyez ce que je veux dire !] Ce principe de recrutement qui suppose que vous soyiez forcément d'accord sans même qu'il soit utile de  préciser à quel sujet (!) tant c'est évident, c'est celui des racistes ou des salauds en général. Il est pire lorsqu'il est allusif car le gus enchaîne en principe tout de suite sans vous laisser le temps de répondre comme les démarcheurs téléphoniques. Il faut donc couper : "Non, je ne vois pas ce que vous voulez dire, précisez." Ça le déconcentre. Il est vrai que cela peut générer un malaise mais tant pis ou tant mieux. Car, même si vous ne faites que vous taire, vous acquiescez.

Dans mon village, il y a des turcs, quelques kurdes -qui ne sont pas trop potes entre eux parfois mais bon- des arabes totalement assimilés dont les gamins parlent avec un accent cévenol de la plus belle eau, beaucoup de gitans (lien) -ce sont eux qui souffrent le plus du racisme- et s'il n'y pas vraiment de problème que mineurs*, il peut tout de de même y avoir de sacrés couacs. En voici un.

Une perle rare : dans un troquet un soir de pluie, j'entends dire pis que pendre des arabes tout au loin, au comptoir, tous semblent d'accord, après trois pastis ou plus, et ça augmente, "ils vivent d'alloc, refusent de travailler, sont mal dégourdis sur les chantiers, volent des outils" etc.. Au bout d'un moment, je lève la truffe de mon manus et leur parle des morts "français" de Montecassino -en fait une majorité d'arabes et de kabyles- soulignant que c'est au sacrifice de ces soldats de la division Leclerc, rudes montagnards marocains habitués à l'Atlas que nous devons l'improbable victoire qui fit sauter le verrou alpin et permit la libération de l'Italie en quelques marches. Silence un peu gêné tout de même, il n'était pas prévu qu'une quidame les contredise, l'harmonie est rompue. Ça semble même réfléchir un peu sous les crânes interloqués et soudain en voilà un qui a trouvé LA répartie qui va réconcilier tout le monde.. [et qui fera date dans l'histoire] : "Bon d'accord, mais c'est pas d'eux qu'on parle puisqu'ils sont morts". Ça fout un choc quand même mm? (lien).

* Depuis la chasse aux sans-papiers de Koko, certains manquent à présent et le soir les troquets et les bancs sont tout vides. On se hâte pour rentrer. Avant, on bavardait (lien.) 


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