Blog-note

lundi 23 mai 2011

Tristane et Néfissa, deux femmes dans la tourmente

Iphigénie et la raison d'état


Contrairement à ce qu'on lit parfois, Tristane Banon et sa mère ne sont pas "incohérentes" ou plus exactement leurs variations semblent plutôt de bon augure : nulle stratégie ici mais une situation sans issue ou presque. D'un côté il y a la culpabilité de ne rien avoir fait de concret lors de la première affaire, ce qui a permis à M Touit de réitérer en pire... et les voilà à présent avec une sorte d'obligation morale de réagir (les médias se sont emparés de l'affaire)...  avec le risque d'être accusées de participer à la curée ... d'autant plus si d'AUTRES politiques et non des moindres savaient aussi (certains le nient à présent car ils vont se retrouver dans le collimateur, un petit embrouillamini*).. Et de l'autre côté, il y a l'opprobre qui sera associée à une plainte trop tardive, l'homme est à terre, cogner dessus il est vrai sonne inélégant (même si elle voulait le faire de toutes manières, quel gâchis !) Dans tous les sens que l'on prenne le dilemme, elle sera en faute. N'oublions pas que Tristane Banon fait partie à un moindre niveau du sérail : la solidarité politique, c'est primordial... sauf que voilà ce que cela donne quelques années après ! et ça, ce n'était pas prévu.

Elle est coincée : ne rien faire, c'est se désolidariser de Néfissata (qui est tout simplement accusée dans le dernier commentaire que je viens de lire à un article mien... de prostitution, toute l'affaire se réduisant à un simple différend sur les tarifs selon un perspicace de service, ça c'est fort) et elle sera/est à coup sûr elle aussi harcelée par les avocatissimes de M Touit, de grand spécialistes avec cabinets de détectives et budget hollywoodien.. Mais porter plainte MAINTENANT pour se reconstruire, ça tombe en effet... disons à la fois trop bien donc trop mal. Peut-être ne se sent-elle pas épaules, rappelons le, c'est sa "famille". Et soulignons qu'une victime, par définition est fragilisée ce qui explique ses hésitations, volte face parfois, certes déroutantes et qu'on lui reproche toujours : c'est son dol même qui obère sa force morale. Or, pour porter le cas en place publique, il en faut ! C'est presque aussi dur que le viol ou l'agression en eux-mêmes : l'agresseur qui a montré de quoi il était capable, fait peur. De fait, le dos au mur, il ne va pas hésiter à tout faire pour s'en tirer. C'est ainsi qu'on l'a accusée (dans un commentaire, encore sur "le post") d'être trop jolie, trop décolletée et souriante, allumeuse en somme** (!) de vouloir se faire un nom avec ce drame (alors que le talent littéraire compte peu en ces cas: lorsqu'un tel événement surgit, il obère tout et elle ne sera peut-être à jamais que "la fille qui [..]") Elle eût été laide qu'on l'eût accusée de mythomanie ou pire (et malgré tout, ça a aussi été fait, sur "le post" toujours, mais l'article a disparu juste au moment où je m'apprêtais à envoyer un commentaire rageur.) Ca reviendra c'est sûr.

Un grand classique que l'on croyait définitivement aboli : on se croirait revenu vingt ans en arrière époque où on filait (non défilait, je laisse) avec "non ça ne veut pas dire oui": c'est l'agressée ou la violée qui est responsable dans tous les cas et le doleur ou violeur qui a fait "un écart" compréhensible, voyons voyons vous n'allez pas en faire une maladie, il n'y a pas mort d'homme à la fin. D'homme non, de femme, pas si sûr, le suicide étant un des risques majeurs après un viol. Cette affaire montre aussi qu'une femme violée ou malmenée sexuellement PAR UN PROCHE (en le cas, l'ex mari de sa marraine) est souvent et quelque soit le milieu social, aussi voire plus mal lotie encore qu'une femme agressée par un "étranger": Néfissata est soutenue par sa communauté qui fait bloc, Tristane Banon embarrasse tout le monde. Le monde politique est d'une incroyable férocité y compris envers les siens, reliée à un pragmatisme inégalé. (Voir la manière dont de Villiers (lien), lors de la plainte pour viol d'un de ses fils contre un autre a taclé la victime, suivi par Madame, et non le coupable: qu'elle soit homme ou femme (mais surtout femme), du sérail ou étranger (mais surtout du sérail), qu'importe, c'est toujours la victime qui dérange car en parlant elle dévoile des silences, des lâchetés, des complicités par indifférence qui parfois éclaboussent tout le monde, tandis que le coupable, lui, en général, se porte bien (et souvent fait peur). Et surtout, il est moins dirimant socialement d'avouer avoir un fils -ou une fille- malade psychique, mytho etc.. qu'un fils -ou un mari- violeur incestueux : dans un cas ça passe -c'est à dire qu'on peut encore gagner des élections- mais dans l'autre, ce n'est même plus la peine de se présenter (lien).

Il n'en demeure pas moins que, même si c'est maintenant, même si les critiques seront dures et le malaise indéniable, il faut néanmoins que Tristane Banon porte plainte : pour elle-même, pour retrouver quelque chose qui lui a été enlevé et que visiblement on lui enlève encore tous les jours un peu plus, pour d'autres femmes aussi peut-être, moins favorisées qu'elle : une question.. le mot est fort mais c'est le seul qui me vienne à l'esprit, d'honneur. Le Pen parodiant Camus disait qu'il préférait sa mère (ou fille, je ne sais plus) à la justice, il ne convient pas de le suivre sur ce point : ce sont de tels comportements de caste (ou familiaux) qui permettent à des agresseurs d'agir impunément car des soeurs, filles, mères, groupies, il y en a pléthore autour d'eux, qui le préfèreront toujours à la justice, sacrifiant Iphigénie à la Raison d'état. L'erreur de Tristane (s'être tue devant la société) est rattrapable, en partie. Il faut donc qu'elle le fasse. Et l'aider.

* Un embrouillamini car il est évident que tout le marigot politique PS a "twité" (avant l'heure) : si "x" le savait et a même tenté d'aider la jeune fille, "y" le savait forcément aussi etc... un assourdissant silence, un secret de famille en fait connu de tous, (ça s'appelle donc une conspiration du silence), c'est cela qui pèse sur cette caste, aussi fermée que la famille de Villiers (mais d'eux on s'y attendait)... et, paradoxe, certains qui ont ouvertement refusé de "savoir" s'en tirent plutôt mieux (autre injustice) que d'autres qui ont payé de leur personne par amitié (ça existe aussi!) davantage taclés. Un gâchis. C'est Marine pour le coup qui... passons, ça tombe mal en effet. Mais, question de fond : si une caste politique se révèle si [...] (je n'ai pas le mot, mais le "si" est de trop car le fait est) vaut-elle de diriger un pays? C'est une vraie question. Je ne sais pas. Le peuple dont je suis n'aime pas qu'on se ligue contre lui par omerta interposée (si complot il y a, il est ici) et forcément, ça fait penser : s'ils agissent ainsi pour un événement aussi inquiétant, quels sont encore les squelettes dans le placard que l'on va découvrir petit à petit ? Un parti de gauche, du féminisme, de l'égalité etc... riez (de moi), ça le vaut.. un parti donc, mené par un/des richissimes? soit, à la rigueur... Mais par un d'entre eux qui [...], zut triple zut... bon mais pas de panique c'est un seul et peut-être que... Sauf que tout compte fait, il y en a une autre. Ca alors qui l'eût cru? Sauf que les émissions mondaines que je ne regarde pas l'avaient dénoncé il y a lurette. Je rêve?... Et pire, que tout le monde le savait. Un cauchemar? Un scénar de la droite pour ? Non car il y a le finale. L'estocade : Touit est ardemment soutenu par toute la cour de récré.. visiblement habituée à [...] ? (Merci en ce sens Bernard H, qui m'a éclairée dans son article incroyablement arrogant.) Et là non, ça ne passe plus. C'est disons, la goutte d'eau, pardon à Tristane. Tant va la cruche... etc (je parle pour moi évidemment.)

** Un détail apparemment ignoré par les messieurs-post-unique, qui n'a rien à voir directement mais je le signale tout de même : les victimes d'agression sexuelle dans l'enfance ont parfois tendance, même très jeunes à adopter des comportements sexuels différents, pas de "leur âge", un peu déroutants. C'est du reste à cela qu'on les détecte. Car les viols ou les agressions, surtout s'ils se sont déroulés dans un cadre "familial" relativement "soft" (récompenses, gratification, gentillesse apparente etc) leur ont conféré une pseudo maturité sexuelle précoce. C'est le plus inquiétant dans ces affaires où on pointe souvent une quasi solidarité (et l'amour) entre victime et doleur, la première mal à l'aise n'osant pas taper trop fort sur le second, minimisant parfois, détournant la vérité etc (par exemple accusant un autre proche mais pas le vrai agresseur surtout s'il s'agit du père), le syndrome de Stockholm, presqu'inévitable dans les cas d'agression intra familiale qui brouille tout. Rappelons aussi que la majorité des prostituées ont été agressées sexuellement dans leur enfance.
Hélène Larrivé ("Secret de famille".. Prémonitoire? En un sens, oui.)

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